Oz
Série
télévisée Américaine de Tom Fontana produite par la prestigieuse HBO
(The Soprano, Six Feet Under, Deadwood ...) OZ est le surnom de la
prison expérimentale d'Oswald, plus précisément du quartier Emerald
City. Le but de cette expérience ? En son sein, se côtoient les plus
violents criminels et les simples délinquants. Le but est de favoriser
les interactions sociales entre détenus en leur laissant une grande
liberté de mouvement. Dans ce microcosme se rencontrent plusieurs
classes/gang : les Aryens, Chrétiens, Latinos, Homosexuels, Gangster
afro-américain, Irlandais, Motards et enfin Musulmans. Toute cette
faune navigue donc librement au sein d'OZ, dont le concept primaire
apparait comme raté dès les premières minutes de la série. Meurtres,
tortures physiques et psychologiques, viols, chantages, racisme ...
métaphore sur les tensions intra-communautaire, la drogue et
l'homophobie, OZ ne recule devant absolument rien dans son traitement
(grâce à la liberté totale d'action qu'offre la chaine privée HBO)
aucun personnage principaux : on suit tour à tour chaque personnage et
son histoire, cette dernière croisant souvent celle d'autre détenus. A
l'écran, la violence est cru, brutale et réaliste. Tout ces hommes ont
en commun l'enfermement et la volonté de survivre, par tout les moyens
(et c'est souvent l'élimination de son adversaire directe) Tous ont
leurs forces et faiblesses, l'intelligence de la série étant de réussir
à imposer un regard résolument neutre sur les évènements : tous ont
leurs raisons, leurs buts et motivations justifiables (à condition
d'envisager les thèmes de réflexions dans l'absolu, l'homme à son état
primaire : tuer pour ne pas être tuer) Cacher son humanité afin
d'éviter la curée : l'amour, la gentillesse, bonté sont synonymes de
mort rapide.
Oz
est une série riche en référence culturelle. Augustus Hill, le
narrateur, introduit chaque épisode par ses pensées pessimistes et
nihilistes : coryphée de la tragédie grecque. Détenus parlant à dieu,
infanticide, fratricide. Nombreux éléments inspirés des tragédies.
L'humaniste Karim Saïd (leader du groupuscule Musulman) lutte
activement pour la paix au sein de la prison. Ce n'est qu'en apparence,
car seul, il lutte pour cacher l'immonde bête grandissant en lui. Il
tente de ralentir l'explosion de violence sous jacente : l'humanisme
est vain, mène à la misanthropie à force d'échec, le genre humain
devient mauvais. L'autre exemple étayant cette idée est le personnage
de Thobias Beecher : seul véritable détenu présent pour un incident
regrettable (il a percuté une enfant alors qu'il roulait saoul) il
subira les pires atrocités de l'ensemble de la série. Sa naissance peut
être assimilé à son entrée à Oz, Em'City apparait alors comme la
société et elle le rendra mauvais. Après avoir subis les pires
humiliations (corps entièrement brisé, viol, défécation sur le visage,
meurtre de ses enfants et de sa femme ...) son seul moyen de survie est
de devenir pire que les hommes qui l'entourent : il réveillera la bête
sommeillant en lui et ne se laissera plus jamais faire : il assassinera
toute personne tentant désormais de lui briser les derniers rêves qui
lui reste : l'amour que lui porte un autre détenu. Il s'avère que ce
dernier révélera sa part d'humanité dans un acte d'abnégation totale :
le don de soi pour la survie de Beacher. Seul véritable acte d'amour et
de bonté de l'ensemble des 57 épisodes. Personnage emblématique de la
série, Beacher est celui autour duquel gravite nombreuses intrigues :
il deviendra ami avec Saïd et participera à la parabole de
l'émancipation des noirs-américains en le soutenant publiquement, ce
qui est à Oz un appel au meurtre. Référence à Malcom X, Martin Luther
King, Saïd tentera jusqu'au bout de combattre le racisme. Le coran sera
injurié dans un ultime affront : le meurtre de Saïd, seule issue
possible à sa lutte, faisant de lui un martyr. La religion est un des
thèmes majeurs de la série : relation entre le détenu Keller (violeur
en série) et la sœur de la prison, dont il tombera amoureux : la femme
de dieu verra alors naitre des sentiments qu'elle se doit d'occulter
... c'est également le prêtre d'Oz qui est confronté à ses pulsions de
meurtres lorsqu’un détenu se prétend l'envoyé de Satan. Leurs
confrontations symbolisera l'éternel combat théologique, sempiternel
cause de guerre et baffouements divers : la violence sacrée est elle
plus défendable que la violence athée ? Ce sont tout les défauts et
failles d'un pays qui sont visés par la série : tous ont en commun
d'avoir été abandonnés par le système : pauvreté, exclusion, racisme.
Second point commun, tous ont rencontrés avant leurs incarcérations le
visage du mal (leur passé est narré en flash-back par le narrateur de
la série) inceste, viol, injustice, erreur judiciaire. Encore une fois,
l'homme nait bon, la société le détruira. Solution apporté par la
société pour réparer ses erreurs : l'enfermement. Solution apporté pour
trouver en autrui une humanité jamais croisé ? L’enfermement. Dans
cette auge de violence psychologique, la fin est péremptoire. Nihiliste
(réaliste ?) la série se clôturera cependant sur un acte positif absolu
(jusqu'au boutiste il est vrai) par amour, Keller exécutera entièrement
le gang aryens afin de venger son amour et racheter ses fautes passés.
Il se suicidera pour endosser toute responsabilité.
Dans Oz comme dans la vie, la libération n'est trouvable que dans la mort ?